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document importé sur le site le 2007-08-24 et modifié pour la dernière fois le 2010-09-04
mots clefs : TRACT DIVERS
Un des nombreux tracts longs à lire de Claustrophile.

Je me sens seul. Assis au bord d'une flaque d'eau, j'attends nuit après nuit la venue d'une image, même furtive, qui réchauffera mon cœur glacé. L'ennui est mortel mais je ne le suis peut-être plus moi même.
Je ne contrôle pas mes déplacements. Il semble que je sois condamné à rester sans bouger, près de cette flaque d'eau. Je peux m'y asseoir, me coucher au dessus dans tous les sens, me glisser sous sa surface. Mais je ne peux m'en éloigner. Plusieurs semaines ont passé déjà, peut-être davantage. J'ai perdu la notion du temps. J'ai aussi perdu le toucher et l'odorat.

Tout a commencé un soir de juillet, ici même. Je montais vers le Nord en passant par ici. J'ai marché dans la flaque d'eau et je n'ai pas tout de suite compris ce qu'il y avait d'anormal dans la réaction qu'elle opposait à mes bottes boueuses. C'est en revenant sur mes pas que j'ai compris, sans rien y comprendre d'ailleurs. L'eau que je venais de souiller était parfaitement limpide! J'ai refait un essai, en remuant sa surface à l'aide de ma semelle sale. Mais l'eau ne se troublait pas et ne lavais pas ma botte. Pire encore, la botte y pénétrait mais aucune ondulation n'en résultait. Je me suis mis à y sauter à pieds joints, il n'y avait aucune éclaboussure. J'ai cru devenir fou.
Je pense alors avoir commis ma dernière erreur en laissant ma curiosité m'entraîner jusqu'à ce qui allait me perdre. Je me suis accroupi et j'ai plongé la main dans l'eau. Je la voyais par transparence, je sentais le contact froid et mouillé. Mais l'eau n'ondulait pas. Si j'en soulevais dans ma paume et que je la laissais couler, elle incorporait immédiatement la flaque qui restait parfaitement immobile. J'étais effaré.
Mais au bout de quelques minutes j'ai vu apparaître le reflet d'un homme qui me regardait. J'étais effrayé de le voir sans l'avoir entendu arriver, mais c'était sans compter l'horreur qui m'attendait ensuite. Car lorsque je me suis retourné il n'y avait personne derrière moi. Cet homme n'existait qu'en reflet. Et uniquement dans cette flaque d'eau. Je ne l'ai revu qu'une fois. Il était déjà trop tard.
J'étais terrorisé. L'inconnu dans le reflet parlait et s'agitait, comme s'il eût cherché à me dire quelque chose. Mais il restait silencieux à mes oreilles. Je me suis affolé. J'ai voulu courir mais j'avais si peur que je n'ai pas fait attention au ciel de carrière. Je m'y suis cogné avec une violence inouïe. Je crois que le choc a été fatal.
Lorsque je me suis senti de nouveau debout, je me voyais, couché, la tête dans une flaque de sang qui coulait vers la flaque d'eau. Mais lorsque j'ai regardé la flaque c'est moi que je ne voyais plus. Je n'avais pas de reflet.
Le corps qui gisait à proximité s'est finalement relevé mais ce n'était plus le mien qui portait mes vêtements et mon sac à dos.
C'était l'homme que j'avais vu dans le reflet! Il repartait, en chair et en os, à ma place, me laissant seul et prisonnier de mon sort! Je ne pouvais même pas le suivre, comme si la flaque d'eau avait été aimantée. Depuis, j'attends toujours, dans l'obscurité, que quelqu'un s'aperçoive que la flaque d'eau est immobile...

C'est peut-être toi que j'attendais. Toi qui a ramassé ce tract, scrute un peu mieux la surface de l'eau...
 
 
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